Lettres en Vrac

Bonjour,


Certains connaissent déjà ce jeu, mais je le propose ici, trouvant qu'il s'agit d'un bon entraînement cérébral pour des écrivains d'hier et d'aujourd'hui.

C'est un jeu tout bête, auquel il faut jouer sans parcimonie. Votre camarade vous propose un mot, ou un groupe de mots, sur lequel il faudra rédiger une lettre, à un ami, à un parent, à un inconnu, cité ou non.

Facile, non ?

Facile !

Mon journal éventré sur le sol.
C'est ainsi que je l'ai retrouvé, déchiré, souillé de tes empreintes, de ton odeur, de toi.
Tu as osé le toucher, le lire alors qu'il ne t'était destiné.
Tu as trahi ma confiance et plus je réfléchis, plus je vois ces derniers temps notre amitié qui s'envole, inexorablement.
Je t'ai reconnu, un travail si méticuleux ne peut être fait que par quelqu'un d'aussi soigné, d'aussi maniaque.
Mais tu ne m'oublieras pas si facilement, je serai là pour hanter tes jours, tes nuits, te rêves. Tu souffriras comme j'ai souffert. La plaie béante qui ne s'est jamais refermée dans mon coeur, va s'ouvrir chez toi, s'engoufrant dans la moindre parcelle de ton âme.
Tu ne m'oublieras pas, je te le promets.

Inexorablement *

La lettre a écrit:Mon ami,


Si j'ai choisi de vous écrire en ce jour, c'est tout simplement pour vous conter cette idée fabuleuse qui m'est venue. N'ayez crainte, et installez vous bien confortablement dans ce fauteuil moelleux qui sied si bien à votre petit salon. Je sais que vous vous y trouvez, comme à chaque fois que monsieur votre laquais vous apporte vos lettres. Je sais que vous avez reconnu la mienne, parmi les autres, et que vous la lisez maintenant avec attention.
Vous avez probablement croisé les jambes, votre verre de whisky pur malt sur la petite table en bois d'ébène, à votre gauche, et un sourire se dessinera sur vos lèvres. Vous congédierez votre valet, qui fermera doucement la porte, après une légère courbette à votre intention, et un regard jeté sur le feu crépitant.
Finalement, vous écouterez attentivement les bruits alentours dans votre appartement, pour que personne ne vous trompe, et que Madame votre Mère ne vous surprenne pas avec cette missive. Ou ce serait la fin.

Mon ami, j'ai trouvé parade aux refus de vos parents. Je sais bien que je ne suis qu'une maladroite demoiselle peu digne d'intérêt, et vous, un seigneur aux intérêts fragiles. Monsieur votre Père n'accepterait jamais notre union, si j'apparais à ses yeux comme une guenille. Il faudrait donc que je sois aussi élégante que vous le êtes, chaque jour qui passe en ce monde. Or, il s'avère que mon oncle vient de nous quitter, bien tristement, et il a décidé de me léguer ses derniers biens, avec l'accord de Père. Ainsi, il a souhaité me construire un avenir digne d'un plus grand intérêt, et je pourrais apparaître dotée de plus beaux apparâts que les fois passées, et nul ne pourra juger de ma pauvre personne comme il a été fait d'antan.
J'espère avoir de vous une réponse positive, qui remplira mon coeur d'allégresse, et mon visage de sourires. Je tâcherai d'être la plus élégante, et la plus digne possible, afin de pouvoir bénéficier de tout l'amour de votre personne, et de l'accord nécessaire de Monsieur votre Père, de la confiance de Madame votre Mère.

Faites moi parvenir au plus vite votre missive, que je puisse me préparer de la plus belle manière.

Je vous embrasse bien tendrement,

Votre Cendrillon.